JO 2024 : Quels sont les facteurs d’adhésion et de rejet de l’organisation des jeux olympiques et paralympiques en France ?

Quels sont les arguments pour et contre les Jeux Olympiques 2024 en France ?

 

En septembre 2017, Paris obtenait officiellement l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, cent ans après l’édition de 1924. Estimé à 6,6 milliards d’euros, le projet compte s’appuyer sur des sites emblématiques comme la Tour Eiffel (triathlon, marathon), les Champs Elysées (cyclisme) ou encore le Grand Palais (escrime). Si 84% des français se déclarent favorables à l’organisation des olympiades en France, selon un sondage Harris Interactive, l’attribution des Jeux d’été à la France ne fait toutefois pas que des heureux.

Alors que Tokyo a officiellement passé le relais à Paris lors de la cérémonie de clôture des JO japonais, nous avons souhaité comprendre les mécanismes d’adhésion et de rejet des JO 2024 en France. Nous voulions ainsi observer leur évolution, en étudiant l’expression spontanée des publics sur la période du 1er juillet 2021 au 15 septembre 2021.

Pour cela, nous avons procédé à un échantillonnage aléatoire de 150 commentaires sur les espaces crawlés par l’outil de social listening Talkwalker. Nous avons appliqué la méthodologie d’analyse d’Opinion Act en distinguant les canaux d’expression, les registres d’expression, les arguments en présence et la tonalité à travers notre échelle d’acceptabilité sociale. Cette échelle comporte neuf niveaux alliant la notion de tonalité (positive ou négative) et l’expression de sentiments ou de comportements (doute, rejet, soutien…). 

 

Principaux enseignements de l’expression des publics sur le web à propos de l’organisation des JO 2024 en France

1. Les principaux arguments pour et contre les JO 2024 à Paris

11 types d’arguments ont été dégagés de l’expression spontanée des publics en faveur ou en défaveur des JO 2024. Argent, infrastructures, sport de haut-niveau, géopolitique… Les arguments en faveur des Jeux sont majoritairement rationnels. Le public parisien présente cependant, à court terme, des inquiétudes liées au mandat d’Anne Hidalgo comme maire de Paris.

 

 

 

2. Une opinion assez tranchée au sujet des JO 2024

61% de prise de position contre seulement 22% d’analyse de l’information : notre analyse des motifs et des postures de prise de parole fait apparaître une opinion tranchée à l’égard des Jeux. Les internautes partagent majoritairement leur opinion, sans fonder leurs arguments sur des publications scientifiques. 28% des internautes sont cependant dans une posture d’analyse de l’information ou de questionnement pour se faire leur propre opinion.

 

 

 

3. Une forte polarisation de l’opinion de la population à propos des JO 2024 sur le territoire français

Une opinion très polarisée au sein de la population française, avec un fort rejet des Jeux Olympiques et Paralympiques par les habitants de la région parisienne qui craignent la dégradation de leur environnement de vie pour un événement éphémère.

 

 

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1/ Quels mécanismes d’adhésion à l’organisation des Olympiades de Paris 2024 ?

 

Projet multidimensionnel, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris toucheront tous les secteurs de la société, de l’événementiel aux transports et de l’hôtellerie à la sécurité. Les arguments à la faveur des Jeux Olympiques défendent un coup de projecteur géant pour Paris et pour l’activité économique du pays, alors que l’organisation a promis des coûts financiers limités.

 

A. Argument n°1 en faveur des JO 2024 : un coup de projecteur pour Paris et la France

L’attractivité économique et touristique des Jeux Olympiques est le premier mécanisme d’adhésion des internautes (9%). En effet, la forte médiatisation des Jeux et le projet olympique sont considérés comme un spot publicitaire géant pour le pays hôte, 500 000 visiteurs étant attendus pendant les Jeux. Paris 2024 s’appuiera en ce sens sur des sites historiques symboliques, comme la Tour Eiffel. 

L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 est également perçue comme une opportunité de renforcer l’unité nationale de la France, et de réaffirmer la place du pays sur la scène mondiale. Paris 2024 doit, pour les internautes, contribuer au rayonnement de la France à l’international.

 

 

B. Argument n°2 en faveur des JO 2024 : un coût économique et infrastructurel limité

 

L’argument économique est également repris par les internautes pour saluer le budget restreint de Paris 2024. Ils insistent sur le financement privé de plus de la moitié des 6,7 milliards d’euros de budget, et sur le faible coût pour le contribuable. Ils rappellent par ailleurs que les Jeux devraient rapporter entre 5,3 milliards et 10 milliards d’euros de retombées économiques. 

Ils adoptent par ailleurs une posture de décryptage de l’information pour expliquer que 93% des sites qui seront utilisés pour des compétitions sont déjà existants ou temporaires. L’héritage laissé par les Jeux est un point majeur d’intérêt : plus de 100 000 emplois pérennes devraient être créés en Île-de-France et les infrastructures non-sportives dédiées aux Jeux seront transformées. Le Village Olympique construit en Seine-Saint-Denis deviendra par exemple un écoquartier.

 

 

C. Argument N°3 en faveur des JO 2024 à Paris : essor sportif et universalisme

 

Enfin, les Jeux de 2024 sont perçus positivement par 7% des internautes pour le développement de la pratique sportive en France et dans le monde. Ils soulignent les valeurs d’universalité du sport et espèrent que les Jeux seront une fête d’unité des populations.

 

2/ Quels mécanismes de rejet des JO de Paris 2024 ?

Alors que les sondages montrent que les JO de Paris 2024 sont globalement acceptés par la population française, le réseau social Twitter, notamment, cristallise les critiques des opposants des Jeux. Coûts écologiques et environnementaux, sécurité… Une partie de l’opinion publique s’exprime négativement sur les Jeux, préférant un registre émotif, qui agit comme un système de réalité augmentée.

 

 

A. Raison de rejet N°1 : le coût économique des JO 2024 à Paris

Si les coûts limités des Jeux sont un argument en faveur de l’organisation des Jeux, 12% des internautes en font, à l’inverse, une cause de rejet majeur de Paris 2024. Ils considèrent les Jeux comme un projet inutile et ruineux, dont le budget serait largement sous-estimé.

 

Les cachets pris par les membres du Comité d’organisation font également l’objet d’attaques, à l’image de Tony Estanguet : 

 

Plus particulièrement, les tensions se concentrent autour du coût économique pour la ville de Paris, la gestion de la ville par la mairie d’Anne Hidalgo étant un point majeur de critique à ce sujet. Les riverains craignent par ailleurs l’augmentation des prix des loyers et des travaux « interminables » jusqu’en 2024.

 

B. Raison de rejet n°2 : l’impact des JO 2024 sur les jardins d’Aubervilliers

Cette porosité entre les sujets touchant à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et la gestion de la ville de Paris transparaît dans les arguments écologiques d’opposition au projet. 10% des internautes, engagés pour une majorité d’entre eux, fondent leur rejet de Paris 2024 sur les coûts environnementaux des Jeux. A l’instar du compte @Paris_Vert, plusieurs associations écologistes se mobilisent contre l’olympisme, accusé de mettre à mal l’environnement pour un projet éphémère :

 

À ce titre, la construction de la piscine olympique à Aubervilliers fait l’objet d’une forte mobilisation des opposants aux Jeux. Le centre aquatique du Fort d’Aubervilliers implique la destruction d’une partie des jardins ouvriers de la ville, une « catastrophe écologique » pour les écologistes. Très présente sur les réseaux sociaux, la mobilisation a obtenu gain de cause mi-septembre lorsque le permis de construire de la piscine a été suspendu par la justice le 20 septembre.

 

 

L’opposition aux Jeux Olympiques se traduit aussi par l’utilisation de hashtags sur les réseaux sociaux. Comme par exemple le cri de ralliement international #AbolishtheOlympics, la critique historique du sport comme #opiumdespeuples ou le hashtag d’opposition à la mairie de Paris #SaccageParis.

 

 

C. Raison de rejet n°3 des JO 2024 à Paris : l’inclusivité et la sécurité au coeur des préoccupations des français

L’inclusivité et la sécurité sont cités par plus de 10% des internautes. Près d’un commentaire sur dix est publié dans une tonalité négative sur ces thématiques.

Alors que Paris 2024 veut être un événement « inclusif, interactif et durable », l’accessibilité de la ville de Paris – et notamment de ses transports en commun – est un sujet majeur de critiques sur les réseaux sociaux.

De même, la cérémonie de passation entre les Jeux de Tokyo 2020 et de Paris 2024 le 8 août dernier a suscité des commentaires négatifs. Les internautes regrettant la tenue de la cérémonie place du Trocadéro à Paris alors que les Jeux Paralympiques n’avaient pas eu lieu. Certains ont réclamé l’organisation de Jeux uniques, reconnaissant toutefois les contraintes logistiques d’un tel événement.

 

 

 

La sécurisation des Jeux est aussi un sujet d’inquiétude pour les internautes, qui craignent un « second Bataclan », mais aussi des agressions de touristes dans Paris. La question du Covid interroge également à long terme. 

D. Raison de rejet N°4 : les nouveaux sports inclus dans les JO 2024 sont sujets à des polémiques

Enfin, la décision de proposer de nouveaux sports « en phase avec les aspirations de la jeune génération », selon Atout France, et la communication du Comité olympique français à ce propos, ont généré de vives réactions sur les réseaux sociaux. 

En plus du skateboard, de l’escalade et du surf, qui ont fait leurs débuts olympiques à Tokyo, le breakdance de compétition viendra s’ajouter au programme de Paris pour devenir le 32e sport olympique en 2024. Au contraire, le karaté – sport dans lequel la France a été médaillée olympique en 2021 – disparaîtra, car jugé trop confidentiel. Les prises de parole de Tony Estanguet, à la tête du projet des Jeux Olympiques, ont notamment été au centre des critiques, les internautes soulignant l’hypocrisie de l’ancien médaillé français :